Ressentir les émotions, les pensées ou le stress des autres est une expérience courante, mais dont on parle rarement. En fait, il n’existe pas de terme précis pour cela. L’empathie est le concept le plus proche que nous avons (Healthline aborde les avantages et inconvénients d’être empathique), mais cela ne décrit pas vraiment les détails du quotidien de la gestion des émotions d’autrui dans nos interactions. Dans mes séances avec des clients (j’en parle avec presque tous), je parle de transfert émotionnel.
Voici ce que j’ai appris sur le transfert émotionnel à partir de mon expérience personnelle, de mes lectures et de mes échanges avec d’autres : c’est une expérience universelle, mais qui se remarque davantage chez certaines personnes. C’est particulièrement fréquent chez les personnes anxieuses, hypersensibles (comme décrit dans le livre d’Elaine Aaron) et neuroatypiques. Comme pour tout, c’est quelque chose que l’on peut apprendre à faire, consciemment ou non. Le transfert émotionnel peut mener à des expériences perturbantes, mais aussi à de vrais moments de beauté.
Le transfert émotionnel pose surtout problème quand on ne se rend pas compte qu’il se produit. Par exemple, si un ami ou un membre de ma famille vit une journée stressante, je pourrais vouloir l’écouter et lui offrir des conseils. Mais si, au cours de la conversation, je commence à ressentir son stress (mon cœur qui bat fort, les bras tremblants, les pensées qui s’emballent), je perds mon calme et ma concentration – et par conséquent, ma capacité à être le soutien que je souhaite être dans ce moment-là.
Et cela peut empirer. Supposons que je sois en réunion au travail. Mon patron(ne) est contrarié(e) et agité(e) parce que l’équipe n’a pas respecté une échéance. Je me sens alors aussi contrarié(e) et agité(e), et au lieu de me rappeler que je ne suis pas le seul responsable des succès et des échecs de l’équipe, je ne pense qu’à ce que je n’ai pas personnellement réussi à accomplir. Je commence donc à absorber les émotions de tout le monde dans la salle, en plus de leurs responsabilités. C’est ainsi que le transfert émotionnel se transforme en transfert de responsabilités.
Ces expériences sont de plus en plus courantes dans notre culture. Nous vivons dans une société qui nous apprend à prendre soin des autres, souvent au détriment de nos propres besoins. Nous intégrons ces valeurs et croyances, qui se manifestent dans nos interactions avec nos proches. (Des articles intéressants sur les limites personnelles et la culture sont publiés par Blogger, Mental Health Match, et Counseling Today.) Le problème, c’est que lorsque nous assumons constamment ces responsabilités, nous en prenons souvent plus que ce que nous pouvons gérer. Nous finissons par nous habituer à ressentir du malheur et de la culpabilité, parce que nous ne pouvons pas accomplir les tâches impossibles que nous nous sommes imposées.
La triste réalité est que certaines personnalités manipulatrices s’appuient entièrement sur le transfert émotionnel et de responsabilités pour gérer leur propre stress. Avec ces personnes, il est presque impossible d’avoir une conversation sans que certaines de leurs émotions et inquiétudes se transmettent à nous. Il est donc important de reconnaître que ce type de transfert peut se produire de deux manières : soit on l’absorbe nous-mêmes, soit quelqu’un d’autre nous l’impose. Le meilleur moyen d’éviter cela est de développer une conscience de soi et des limites claires.
Comprendre le transfert émotionnel malsain
- La culture nous apprend à mettre les autres en premier.
- Nous essayons de prendre soin des autres et finissons par absorber leurs émotions.
- Pour soulager ces sentiments, nous endossons la responsabilité des problèmes qui les causent.
- Cela nous rend vulnérables à la manipulation et à l’épuisement.
La conscience de soi consiste à remarquer le transfert lorsqu’il se produit. Cela demande un peu de pratique, mais c’est possible et extrêmement gratifiant! Une fois cette conscience développée, on peut commencer à se poser des questions : À qui appartient vraiment ce sentiment/cette responsabilité? Suis-je prêt(e) à l’assumer? Est-ce utile de permettre ce transfert? Et on peut se rappeler quelques vérités importantes : Les émotions des autres leur appartiennent, et personne d’autre ne peut s’occuper de leurs sentiments à leur place. La personne la mieux placée pour savoir ce que signifie un sentiment, ou ce dont il a besoin, est celle qui le ressent. Nous ne sommes jamais obligés de prendre en charge les émotions ou les responsabilités des autres. Si on décide de franchir cette limite, ce sera pour faire un effort supplémentaire pour une personne qui nous est chère. En utilisant des affirmations comme celles-ci, on peut créer un espace mental pour soi où les émotions et les responsabilités des autres ne peuvent pas entrer – du moins pas sans permission. Cela nous libère aussi de la pression de devoir gérer les problèmes et émotions des autres, nous permettant de nous détendre et de nous concentrer sur nous-mêmes.
Adopter un transfert émotionnel sain
Prise de conscience – Soyez attentif/attentive lorsque vous ressentez les émotions de quelqu’un d’autre ou que vous prenez en charge ses responsabilités.
Interrogez-vous – À qui appartient vraiment ce sentiment/cette responsabilité? Suis-je vraiment prêt(e) à l’assumer?
Établissement de limites – Définissez les sentiments et responsabilités que vous êtes prêt(e) et capable d’accepter.
Cela dit, le transfert émotionnel n’est pas toujours une mauvaise chose. Lorsqu’il est bien utilisé, il nous permet d’être des personnes attentionnées et empathiques. Et quand il est réciproque, on peut profiter de la proximité et de la confiance avec ceux qu’on aime. Souvent, les interactions les plus chaleureuses et gratifiantes se produisent lorsque nous permettons à ces barrières émotionnelles de tomber.